Transports publics: les élus face aux freins à l'accessibilité

Article issu du journal "La Dépêche du Midi" du 26/092019

Afin de témoigner des handicaps à lever pour utiliser les transports en commun, le collectif Access 65 a convié les élus et les responsables des réseaux de Tarbes et des Hautes-Pyrénées, à une matinée sur le terrain. Une plongée riche d’enseignements.

La conférence de presse est prévue pour 11 heures. Il faudra plus que le quart d’heure bigourdan pour qu’elle ne débute, certains voyageurs ayant eu plus de difficultés que d’autres pour rallier le Rex Hôtel. Ce passager en situation de handicap a ainsi mis plus de 2 h 30 pour aller jusqu’à l’hôpital et revenir place Verdun, soit un trajet d’une vingtaine de minutes. « La voirie n’est pas du tout adaptée à l’hôpital. Si vous avez un problème mais que vous êtes en fauteuil, mieux vaut ne pas y aller » sourit ce malheureux.

Mais d’autres venus de plus loin (Lannemezan, Bagnères, Lourde sou Maubourguet) auront connu des trajets plus calmes. « Les personnes à mobilité réduite, ce ne sont pas que les handicapés. Une dame avec un cabas, une autre avec des jumeaux dans une poussette, tout ce monde a besoin un jour ou l’autre des transports en commun, avec les problèmes que ça comporte », explique Odile Le Galliotte, directrice territoriale de l’APF France handicap, une des cinq associations membres du collectif Access 65 qui a convié adhérents, mais aussi élus, décideurs et responsables des réseaux à une matinée sur le terrain.

Sur l’agglomération tarbaise, seuls 17 arrêts accessibles sur 285

Il n’est d’ailleurs pas 10 heures que les groupes mêlant valides et handicapés se scindent place Verdun. « Rien que cette place, avec tous ses pavés, c’est du sport, note Patrick Sabatut, président du comité handisport des Hautes-Pyrénées. Sans parler des horaires de bus qui font que les personnes à mobilités réduites (PMR) ne peuvent assister aux activités le soir… »

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Cathy prend le « 2 », direction Marcadieu, accompagnée de Marie-Christine Huin, d’Eugène Pourchier, d’Olivier Monteil et d’agents de Keolis et de l’agglomération TLP. « Déjà ce matin sur la navette, la plateforme ne fonctionnait pas. Quand ce n’est pas le sol qui est trop bas et empêche l’accès » râle-t-elle à juste titre. Sur les 285 arrêts de bus recensés sur l’agglo, seuls 17 sont pleinement accessibles aux PMR. « Le problème des transports en commun c’est qu’il faut être accompagné. Malgré les obligations légales, seule, c’est impossible. J’en viens à ne plus faire confiance aux logos pour les PMR car c’est souvent mensonger quand on s‘y frotte vraiment. » Faute de plateforme, c’est le chauffeur qui installe Cathy dans le bus, dos à la route. « Ce n’est pas très pratique pour voir les arrêts défiler, ni pour le confort. On progresse mais il reste beaucoup à faire. »

Jacques, lui se tient debout derrière ses lunettes. À ses pieds, Lipsy veille sur ses déplacements. « Quand je fais mon trajet habituel jusqu’à mon domicile, je me repère aux intersections, aux changements de revêtements. Mais là, sur cet itinéraire inconnu, je n’arrive pas à me situer. La solution c’est de dire au chauffeur où l’on va, mais encore faut-il qu’il s’en rappelle. » Car les annonces des différents arrêts n’arrivent pas jusqu’aux oreilles des passagers, dans le brouhaha des discussions et du moteur. « Il y a aussi toute la signalétique à revoir, notamment à la sortie des établissements publics. » Quand ce ne sont pas les incivilités qui pèsent comme un handicap supplémentaire, à l’image de ce véhicule stationné sur un arrêt de bus et qui empêche ce dernier d’approcher jusqu’au trottoir. « Ça, c’est mon quotidien » relativise une Cathy souriante mais fataliste.

Les Handibus victimes de leur succès

Si l’accès au réseau public demeure compliqué, le transport à la demande et ses trois handibus en service sont victimes de leur succès, avec pas moins de 11 000 voyages enregistrés l’an dernier sur l’agglomération tarbaise. « Depuis sa création en 1995, l’accompagnateur et le service sont gratuits, rappelle Keolis. Nous avons encore énormément de demandes. »

ANDY BARRÉJOT

Des photos de cette action dans l'album: "Tests transports collectifs du 24/09/2019"

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